Le rock fançais aura été bercé de longues années aux rythmes de Argent Trop Cher, Cendrillon ou encore La Bombe Humaine, titres phares du groupe Téléphone. Dix ans après la séparation du groupe, chacun des membres s'en est allé de sa carrière artistique solo, chacun s'orientant dès lors vers des destinées différentes. De tous les membres, Jean-Louis Aubert est à ce jour celui qui a le mieux négocié son 'après-Téléphone'. Son cinquième album solo, 'Comme Un Accord' semble déjà être très bien acceuilli par le public, et sa côte de popularité n'a pas faibli. Avant d'entamer une tournée en automne, son actualité scénique se résume à l'heure actuelle à une tournée showcase à travers une dizaine de villes. Ce lundi, il faisait étape à la FNAC de Dijon, pour promouvoir ce 5ème album solo...

Dès 16H, le public commence déja à se masser devant l'entrée du Forum de la FNAC, alors que le début du showcase n'est prévu qu'à 17H30. Jean-Louis est déjà présent, en compagnie de son guitariste et son équipe. Assis sur des chaises de barman, les deux guitaristes entament une séance de balances, afin de pofiner les réglages des instruments. Au cours de cette séance, des titres du nouvel album sont joués, ainsi que des reprises, comme 'Angel Of Harlem' et 'Pride (In The Name Of Love' de U2. Entre deux chansons, Jean-Louis titillera sa guitare en jouant l'introduction de 'Today' des Smashing Pumpkins. Vers 16H50, ils quittent le Forum. L'heure approche, le public est de plus en plus présent devant la pièce que les vigiles gardent fermée jusqu'au dernier moment... jusqu'à 17H30. C'est la cohue pour accéder à l'intérieur du Forum. Les sièges ont été enlevés pour l'occasion, malheureusement, le public ne restera pas debout, sur consigne du staff technique (en effet, le showcase d'aujourd'hui était filmé, et pour ne pas gacher la vidéo, on nous a clairement dit de ne pas être debout). Des problèmes se posent dès lors, car tout le monde n'a pas réussi à rentrer, ce qui vaut aux personnes assises d'être 'incendiées' par ceux qui n'ont pas de place correcte...

A 17H40, un reportage vidéo sur Jean-Louis Aubert est projetté. Il s'agit d'une escale du musicien en Jamaïque, à Kingston, à travers laquelle on découvre la place de la musique dans ce pays, l'approche très intime entre les Jamaïcains et celle-ci, ainsi que le beautiful accent frenchie de Jean-Louis :) Ce reportage est suivi d'un making-of de son dernier album, filmé par les musiciens dans le studio d'enregistrement, petit moment privilégié pour découvrir l'état d'esprit et l'ambiance lors de la réalisation de ce 5ème album.

Puis la séquence vidéo arrive à sa fin. Il est 18H05 et Jean-Louis Aubert fait son apparition devant les 200 personnes, qui l'acceuillent avec une cordiale ovation. Ils prennent place sur la petite estrade, J.L. se positionne à côté de l'intervieweur. Le ton est d'entrée donné, J.L. n'est pas là pour une séance 'sérieuse', mais pour faire partager quelquechose avec son public. Il ne s'attendait pas à autant de monde, et lance ainsi un 'Qu'est-ce qu'on fait? ... C'est quoi ce bordel?, un peu surpris par la situation... 'Le débat d'aujourd'hui : peut-on être libre sans être soumis à la vie? Donc nous allons écouter monsieur (montrant l'intervieweur) qui a préparé un mémoire là-dessus'. Cette petite intro a l'avantage de rendre le moment très cordial, et chacun peut se rendre compte que malgré sa carrière (et ses succès), l'homme est resté très humble, très simple. Aussitôt il prend sa guitare et débute le showcase par Temps A Nouveau. Après ce premier morceau, chacun peut poser des questions librement à J.L. Bien évidemment, il n'échappe pas aux traditionnelles questions sur Téléphone (est-ce que le groupe va se reformer? est-ce qu'ils vont faire des concerts?...), ce qui semble un peu pesant pour J.L. (il n'est pas ici pour faire la promo d'un ancien groupe). Un deuxième morceau est joué, le single de son nouvel album : Comme Un Accord (qui sonne bien mieux en version accoustique qu'en version album), qui reçoit une belle ovation du public. Il vient ensuite à évoquer la conception de ce 5ème album (8 mois d'enregistrement après 2 ans préalables pour 'planter les p'tites graines'). Une petite bousculade vient perturber le déroulement de la séance question ('J'étais à Dijon, y'avait plein de gens qui marchaient sur les fesses' sort J.L. en voyant chacune personnes assises se tasser pour laisser de la place aux autres). Sans plus attendre (et peut-être aussi pour ne pas s'éterniser sur les problèmes de places), il enchaîne sur un morceau de l'album 'Stockholm', Ocean.

Les souvenirs de sa première partie des Stones pour l'inauguration du Stade de France sont évoqués : 'Il s'est passé un truc incroyable, c'est que c'était tellement grand et on avait un tellement bon son qu'on se croyait dans notre local de répétition. On souriait, on arrivait à se parler, et c'était extraordinaire, cette sensation... En plus les gens ont vachement bien réagis, on voyait que des mains... Ca faisait 80000 mains... [...] En plus les Stones ont été extraordinaires avec nous... cette fois-ci... Pare ce qu'à l'époque de Téléphone ca a été beaucoup plus dur, peut-être qu'on était aussi plus durs [...] On voulait passer juste avant eux et rien d'autre, et avant y'avait de très grands groupes américains. Donc toute l'équipe technique nous a fait la gueule pasqu'on voulait passer juste avant les Stones, ce qui fait qu'ils ont inversés tous les cables de notre console, donc comme déja on avait pas trop l'habitude des stades... Et à l'époque on avait des jack, et je suis arrivé sur la scène devant 50-60000 personnes et j'ai voulu atteindre le micro et le fil était tendu à mort et il me resté 2 mètres à faire. J'ai tiré d'un coup sec, mon ampli est tombé. Donc Richard, qui avait déjà renversé de l'eau partout en arrivant, s'était pas aperçu que la scène était inclinée, il a essayé de rattraper mon ampli, il a glissé et s'est ramassé par terre. Donc Louis s'est précipité, il a aussi glissé. Et ca a été le seul groupe au monde à être à 3 personnes par terre devant 60000 personnes sans avoir pu dire bonjour'.

Cette fabuleuse anecdote est suivie d'une 4ème chanson quand je suis né j'ai crié. Les questions-réponses continuent toujours dans la bonne humeur, J.L. ne quittant jamais son sourire. La rencontre avec Barbara est ensuite évoquée. 'J'ai l'impression qu'elle rêvait pas. C'est une des seules personnes qui me disait droit dans les yeux 'je suis heureuse'.. 'Elle rêvait réalité' lance une personne, ce qui attire l'attention de J.L. mais ne le détourne pas du récit de cette rencontre qui a été marquante pour lui.

Solitude puis Brown Sugar des Stones résonnent dans le Forum. Les chansons viennent alors à s'enchaîner plus vite que les questions. Faits Divers est ensuite reprise, puis Cendrillon (suite à une demande d'un des spectateurs). La fin du showcase laisse place aux morceaux de Téléphone. Ainsi Juste Une Illusion (avec, lors du pont musical, la reprise de Paint It Black des Stones, magnifique), Au Coeur De La Nuit. L'ultime morceau est Voilà, C'est Fini. J.L. et Thom son guitariste quitte le Forum sous une ovation du public. Il est 20H00, la FNAC est déserte...

Ce showcase s'est plus apparenté à une sorte de mini-concert privé, dans une très bonne ambiance entre le public et l'artiste, qui, malgré les succès et son expériences artistiques passées, semble avoir gardé toute son intégrité artistique...

Review rédigée par E.